VIVE LA REPRISE
Je viens de faire l’infaillible constatation suivante : L’année comporte onze mois durs et un mois d’Août.
Certes la météo aurait pu être un peu plus clémente, mais ne boudons pas notre plaisir pourtant si vite défunt. Ah ! que c’était bon de ne plus être sorti d’un rêve par une connerie de réveil (certains écrivent çonnerie de réveil), de faire la sieste autrement que sur le coin du bureau, de se prélasser au soleil et même à l’ombre (j’ai remarqué que l’ombre était toujours plus agréable quand il y a du soleil), de lire des thrillers palpitants et peu exigeants en neurones, de manger à n’importe quelle heure des bons fruits de saison, de se promener pieds nus ( pour les chaussettes aussi c'est la reprise), de se trimballer en short ou bermuda (Il n’y en a plus pour longtemps, la mode tend à les rallonger d’année en année, de sorte qu’ils nous arrivent désormais presque aux chevilles), de parader avec des lunettes de soleil si pratiques pour observer les jolies filles. Et quel plaisir d’être privé de radio et de ne plus entendre radoter notre président, du moins pendant ma période d’émigration.
Mais les meilleures choses sont souvent trop courtes (contrairement à ce que prétend mon épouse), et me voilà replongé dans la réalité quotidienne après avoir passé le week-end de rentrée à ouvrir mon abondant courrier avec toutes les bonnes nouvelles habituelles : Les factures, les impôts, les relevés de comptes en banque qui se sont allongés (eux aussi) pendant que je l’étais sur la plage. J’apprécie cependant la délicate attention de mon banquier qui, pour m’éviter un trop cruel dépaysement à mon retour, m’a remis illico sur le sable.
Mais ce plaisir là n’a pourtant pas tarit, pour autant, celui de retrouver mes collègues un peu moins bronzés que moi, s’empressant de me questionner sur l’endroit où je suis allé et m’offrant ainsi l’opportunité de leur répondre : « Je suis hâlé partout ». On peut dire ce que l’on veut, mais la qualité des vacances est quand même directement proportionnelle à celle des crèmes bronzantes utilisées et aux galères que les autres ont subies pendant que vous les évitiez. Et par-dessus tout, quel immense plaisir de retrouver le sourire radieux de mon chef constatant que je suis revenu intact et en pleine forme. Cette prise de conscience de ma précieuse personne (liée sans aucun doute à la qualité de ma collaboration) et, subséquemment, l’éventualité des nombreux cauchemars ayant gâché ses propres congés, resteront, sans conteste, les points positifs de ce retour parmi les fous.
Relativisons quand même le plaisir de cette reprise, puisque ce matin, au moment de me remémorer mon mot de passe, mon cerveau décidait de rester en vacances devant l’ordinateur de l’entreprise. C’est par cet édifiant état de fait que j’ai réalisé que le travail m’aimait de moins en moins, et que j’aurais préféré, malgré tout, que le mois doux dure. Surtout après avoir réussi à goûter à un petit morceau de paradis, même au prix d’une marche un peu exigeante. (Voir ci-dessous)