Recette de la langue de veau sauce à la mode de quand
Cette recette est très simple même pour ceux qui ne sont pas doués pour les langues.
Ingrédients :
- Une Langue ou deux selon que vous êtes plus ou moins sûr de réussir la recette. Une seconde langue est toujours utile.
- Deux oignons ou quatre, voire trois
- Une carotte ou pas
- Si vous en navet c’est pas interdit d’en mettre
- Un blanc de poireau, un verre de gris.
- Une branche de thym mat.
- Une couronne de laurier.
- Poivre et sel coupés en brosse.
Allez chez votre boucher, demandez lui poliment « Auriez-vous une bonne langue ».
1- S’il vous répond :« Attendez, je vais demander à ma femme » c’est qu’il y a anguille sous roche. L’anguille est délicieuse à condition de la préparer avec soin. Dépouillez-là, et coupez-la en tronçons d’environ 6 centimètres. Faites revenir les carottes et les oignons sauf s’ils ne sont pas partis. Découpez des petits cubes de poitrine fumée, c’est l’enfance de lard. Mais je digresse un peu, revenons à nos moutons.
2 - S’il vous répond « devinez », dites :« Je donne ma langue au chat » ce qui aura pour effet de détendre l’atmosphère parmi la clientèle qui pense déjà à l’addition et qui rumine sa malchance d’être arrivée après vous.
3 - S’il ne répond pas, c’est qu’il a perdu sa langue. N’insistez pas et changez de crèmerie.
4 - S’il répond en faisant une longue théorie didactique, c’est qu’il n’a pas la langue dans sa poche.
5 - S’il vous demande « Vous préférez les langues vivantes ou les langues mortes », c’est que votre boucher fait de l’esprit. Mais c’est une plaisanterie de mauvais goût. Il faut parfois savoir tenir sa langue.
6 - S’il vous dit « j’en ai une sur le crochet », c’est qu’il a la langue bien pendue.
7 - S’il vous dit « Vous allez vous régaler, elle est meilleure que chez mon confrère », c’est une mauvaise langue.
8 – S’il vous dit « Che Chais pas, che fais foir » c’est qu’il a un cheveux sur la langue.
Admettons que votre boucher n’ait plus de langue de veau et vous propose de la fraise de veau en vous persuadant que ça se vaut. Attention, si votre épouse est mal léchée et s’attend à avoir de la langue, je ne vous conseille pas de ramener votre fraise. De toute façon si elle est de mauvais poil, ça crin.
Si votre boucher n’a ni langue, ni fraise, ni escalope c’est que vous êtes entré par mégarde dans une banque. Alors pour donner le change, prenez l’accent belge , il sera moins étonné.
Dans le cas où vous auriez pu obtenir votre langue. Vous revenez chez vous fier et satisfait, juste avant que votre épouse ne vous dise. « Ben, t’en as mis du temps pour acheter deux beefsteaks ». Vous vous rendez compte alors de votre erreur logistique, due à votre distraction habituelle, vous vous mordez la langue mais ne lui dites pas un mot sur la langue, même si ça vous la brûle.
Découpez discrètement deux tranches de langue qui ressemblent le plus possible à des beefsteaks. Mettre beaucoup d’ail, comme dans la recette du hamburger Mac Mahon (Que d’aulx, que d’aulx). Faites frire, remplacez la sauce gribiche par de la moutarde et parlez-lui beaucoup en avalant votre langue. Elle n’y verra que du feu en buvant vos paroles