On est tombé bien bas !
Vous n'avez donc, monsieur, l'indigne président
Su trouver que l’insulte en guise d'argument !
Alors que vous auriez, en réponse au refus
de saisir cette main que vous aviez tendu,
dû bien vous inspirer de l'illustre tirade
Où Cyrano trouvait bien plus belle parade !
Ainsi vous auriez dit, en variant le ton,
La même chose avec un trait de distinction.
En exemple :
Agressif:
« Oh !
Vous qui refusez de serrer cette pogne
jouissez
de ne pas la prendre dans la trogne »
Ironique:
« Si
vous ne voulez pas aujourd'hui de ma main
je
retiens que Carla n'ait point eu ce dédain »
Crédule:
« Pourquoi
la refuser ? Allons, c'est ridicule !
Même
Poutine et Bush n'ont pas eu ce
scrupule ! »
Indifférent:
« Faites
ce qu’il vous plaît et soyez donc hautain
Sur ce
refus, monsieur, moi je passe la main. »
Moqueur:
« Vous
craignez de salir cette main amicale
N’ayez
pas de scrupule, j’ai déjà les mains sales. »
Provocateur:
"Si vous appréhendez que ma poignée vous blesse
Alors, retournez vous, présentez-moi vos fesses"
Menaçant:
« Vous
allez regretter cet acte avant demain
Quand
je vous enverrai tous mes hommes de main. »
Suffisant :
« La
portée de ce geste demeure inefficace
Puisque
sur la nation j’ai déjà fait main basse. »
Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit
Et alors vous auriez gagné en dignité
Puisque
la main tendue que l'autre refusait
N’aurait
pas fait autant de bruit dans les gazettes
En
vous faisant passer pour homme d’opérette.
Mais
vous avez cru bon, du fait du contexte
Faire
briller les flashs plutôt que votre texte
Ainsi,
dans ce salon, de notre agriculture
Vous
avez préféré faire luire l’inculture
Et
choisi un langage qu’on prête aux charretiers
Que
dans un tel endroit vous espériez croiser.
Chassez
le naturel, il revient au galop
Vous
l’avez confirmé en prononçant ces mots.
Monsieur,
je vous le dis très solennellement
Décidément vous n’êtes pas « mon »
président.