ANONYME
Monsieur
le directeur,
Je
laisse ce petit mot sur votre pare-brise pour vous signaler que c’est moi qui
ai rayé malencontreusement votre véhicule lundi soir. Je comprends votre
mécontentement d’autant que votre voiture toute neuve ne méritait pas cela. Mais
faute avouée est à demi pardonnée. Cela dit, la même rayure sur mon véhicule
qui a plus de quinze ans, passerait inaperçue ! Certes, les maigres augmentations dont mon salaire a fait l’objet depuis
que je suis votre employé, ne me permettent pas de changer de véhicule et de
prendre, ainsi, la réelle mesure de votre contrariété. Je dois reconnaître que
la chance n’est pas de votre côté, il paraît que vous crevez souvent sur le
parking, alors que mes vieux pneus « à la gomme » ne me posent aucun
problème. Les lois statistiques sont aussi impénétrables que les voies du
seigneur !
Sachez
qu’avant de laisser de manière cavalière ce petit mot, j’ai téléphoné à votre
domicile pour m’excuser. En votre absence, c’est votre charmante épouse qui m’a
répondu et nous avons rapidement sympathisé. Comme vous êtes extrêmement
occupé, et par conséquent peu réceptif à ses attentes, je me suis permis de
l’inviter à déjeuner le lendemain. Si vous constatez quelques griffures sur son
dos, ne m’en veuillez pas, votre charmante et jeune épouse ne méritait pas
cela. Mais faute avouée est à demi pardonnée. Cela dit, les mêmes rayures sur
ma femme dont je n’ai pas changé depuis 20 ans, passeraient inaperçues ! Certes, les maigres augmentations dont mon
salaire a fait l’objet depuis que je suis votre employé, ne me permettent pas
de changer de femme aussi souvent que vous, et de prendre, ainsi, la réelle
mesure de l’offense. Je dois reconnaître que la chance n’est pas de votre côté,
il paraît que la secrétaire que vous emmenez parfois en déplacement, est mariée à l’entraîneur de l’équipe locale de
rugby. Bien évidemment, seul un malheureux concours de circonstances pourrait
conduire à ce qu’il l’apprenne. Mais
les lois statistiques sont aussi impénétrables que les voies du seigneur !
Veuillez
agréer, Monsieur le directeur, mes salutations distinguées, en attendant de renouveler
mes hommages à votre dame.
Un
employé modèle.