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à demi-mot
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18 janvier 2007

DESSOUS DE TABLE

                      Nous étions réunis pour cette occasion solennelle, chez des amis et  nous n'avions tous d'yeux que pour elle; Bien ronde et à l'odeur caractéristique  (jusqu'ici vous pouvez penser que j'évoque ma voisine), non je parle bien entendu de la galette des rois. Une galette d'un diamètre plus que raisonnable, et dont les renflements suggestifs nous laissaient préjuger la présence d'une épaisse couche de frangipane. Bonne pâte, je me portais volontaire pour aller sous la table afin de choisir la destination des parts qui allaient être découpées (c'est une tradition bizarre qui ne doit pas être universellement pratiquée). Néanmoins, ce rituel constitue une charge délicate, puisqu'il faut se souvenir des prénoms des invités, et qu'en la circonstance, je ne les connaissais, pour la plupart, que depuis une heure. Je n'étais donc, en dépit de ma louable intention de rendre service, pas plus vernis que certaines chaussures que j'avais désormais sous le nez. Je commençais donc à énumérer les noms pour la distribution, tout en essayant de détourner mon regard d'une jupe sous laquelle sa propriétaire ne croisait pas les jambes, et je jouissais... d'une position plus qu'inconfortable.

C'est alors que tout semblait se dérouler normalement, que le pied d'un des convives se souleva pour aller saluer l'entrejambe de la dame à la jupe, et accrocha le porte jarretelle, qui fut « déclipé » ( je n'ose gager que la réussite de cette manoeuvre ne soit pas fortuite). Et c'est ainsi que le bas chut en bas des chevilles. Que faire ? Je voyais désormais la main de la dame tenter de le récupérer, mais la discrétion requise par la manoeuvre n'était pas compatible avec l'étendue du défi. J'entrepris donc de l’aider en remontant ledit bas, délicatement, d'abord le long du galbe du mollet, puis jusqu'à mi-cuisse où j'essayais de le recliper, quand d'un mouvement (que j'attribue au réflexe) celles-ci se refermèrent comme un crustacé bivalve sur la pointe du couteau. J'étais pris la main dans ...

                       Au niveau supérieur, sans me laisser de répit, on me réclamait un nom pour l'attribution de la part suivante. Avouez, que la tête inclinée sous la table, sans ménagement pour mes pauvres cervicales, la main confisquée et l'esprit en ébullition, l'effort de concentration était quelque peu perturbé. Ce n’était pas du gâteau !

"Il reste Martine et Huguette" dit une voix pleine d'entrain. "Martine" répondis-je, puisque me semblait-il, ce devait être la dame à la jupe. J'espérais que l'augure d'une part de la délicieuse galette, allait décontracter la dame et libérer, de fait, ma main prisonnière. Il n'en fut rien. Et c'est à ce moment là, quand je prononçais "Huguette", que le la main du mari et voisin de ma geôlière, s'aventurait pour une caresse toute légitime entre les cuisses de son épouse, et y rencontrait la mienne. Peu après, lorsque je me relevais du dessous de la table, cette main que je venais de serrer en d'improbables circonstances, je la prenais sur la figure.

C'est ainsi, que le jour même, mon dentiste me posait une couronne qui n'avait rien à voir avec celle des rois. 

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